Après tous ces temples hindous dravidiens, il est plus que temps de changer se style et d'époque. Il se trouve que mon itinéraire me mène dans des villes marquées par les siècles plus tardifs, le 16ème au 18ème, et une culture bien différente: l'islam indien.
Mausolee Ibrahim Rouza |
Bijapur se trouve dans le nord du Karnataka, à environ 150 kilomètres de Badami. L'époque ayant marqué la ville est le règne de la dynastie Adil Shah, qui régnait entre le 15ème et 19ème siècle sur le Sultanat du Deccan de Bijapur. Pendant leur règne, ils construisirent de très nombreux bâtiments religieux et administratifs de style indo-islamiques, qui ont laissé leur marque sur l'apparence de la ville. Deux mausolées sont particulièrement marquant. Golgumbaz, qui a une immense coupole, impressionne non seulement par sa taille, mais aussi par son acoustique phénoménale. Dans la galerie des murmures juste en dessous du dôme, on entendrait ce que quelqu'un chuchote à l'autre extrémité. Je ne peux pas le tester, car premièrement, je suis seul, deuxièmement, les autres visiteurs du monument s'appliquent à essayer une autre qualité acoustique: l'echo. Je tape dans mes mains et compte 12 réverbérations. Le mausolée d'Ibrahim Rouza, lui, brille surtout par ses qualité esthétiques. Il aurait été l'une des inspirations pour le Taj Mahal.
Encore aujourd'hui, Bijapur est une ville très marquée par l'islam. En ville, on tombe partout sur des petites mosquées. La population semble être en grande partie musulmane. En tout cas, on ne voit pas seulement de nombreuses femmes voilées, beaucoup d'hommes et de garçons sont vêtis à la façon traditionnelle indo-islamique. À part ça, je n'ai pas trouvé Bijapur très agréable. La ville est très poussiéreuse et sale, les poubelles traînent partout, même près des monuments historiques, pourtant souvent bien entretenus ailleurs. Autour de la citadelle au centre-ville est apparu un petit bidon-ville dont les habitants font leurs besoins derrière les murs du fort. Comme Bijapur est à l'écart des circuits touristiques traditionnels, on est ici en tant que « foreigner » une attraction, pas seulement pour les enfants. Après le centième dialogue du type suivant (je n'exagère pas!), on en a définitivement marre: « Hello, what is your name? » - « Pierre » - « Which country? » - « Germany ». Et dans la version longue: « Photo please! ». Voici les photos.
Golconda Fort |
Assez spontanément, je décide de faire ensuite un crochet vers Hyderabad. Cette ville a également un cachet islamique, à part des panneaux en telugu et en anglais, on voit aussi beaucoup de signes arabes, l'écriture des musulmans indiens parlant l'ourdou. La capitale de l'Andhra Pradesh a été fondée par la dynastie de Qutub Shahi, qui régnait sur le Sultanat de Golconde jusqu'à sa conquête par l'empereur mogole Aurangzeb en 1687. Après la perte d'influence des mogols, leur représentant sur place prît son indépendence et devint le Nizzam d'Hyderabad. Par la suite, les Nizzams musulmans régnèrent sur la plus grande des principautés indiennes jusqu'à l'indépendance, au moment de laquelle ils voulurent rattacher leur État, dont la population est à large majorité hindoue, au Pakistan. Le gouvernement de Delhi n'était pas d'accord et, avec l'aide de l'armée, les a convaincu de rejoindre l'Union Indienne.
Aujourd'hui, Hyderabad ist une métropole de six millions d'habitants et je l'ai trouvée très fatigante. La ville était pour le moment le moment l'endroit le plus chaud que j'ai visité ici en Inde, d'après le journal il faisait 42° C. De plus, malgré l'acquisition d'un plan de la ville, je me suis perdu plusieurs fois dans les nombreux bazaars. Certaines traversées de rues sont une vraie aventure, mais on a pas d'autre choix que de prendre son courage à deux mains et de se faufiler dans la circulation. La fatigue suite au voyage en bus de nuit n'a pas amélioré la situation.
J'ai bien sûr visité les plus importants attraits touristiques d'Hyderabad. Le plus fameux est le Charminar, une espèce d'arc de triomphe et mosquée en un au milieu de la vieille ville construit pour célébrer la fin d'une épidémie de peste. Le quartier autour du Charminar est un immense bazaar. Il est noir de monde, comme la zone piétonnière de Hambourg un samedi de l'avent, mais en plus avec une circulation chaotique. On doit littéralement se frayer un chemin à travers les masses, tout en se débarrassant des nombreux vendeurs ambulants. Je visite par ailleurs notamment l'immense fort de Golconde ainsi que le complexe voisin de mausolées des Qutub Shahi, le très beau temple de marbre blanc Birla Mandir et l'immense statue du bouddha au milieu du lac artificiel Hassan Sagar.
Hyderabad est d'ailleurs aussi un centre important de l'industrie informatique indienne, la ville est parfois également nommée Cyberabad. Cela a fait émerger une classe moyenne ayant les moyens de consommer, ce qui se voit dans le centre-ville commercial, où je loge. Malgré tout: quand j'entre dans un centre commercial, je dois me faire fouiller par un agent de sécurité. Pour la première fois lors de mon voyage, je mets les pieds dans un vrai supermarché et je constate: les produits de soins corporels coûtent ici la même chose ou même plus que chez nous. Cela veut dire que shampoing, déodorant ou encore gel douche sont ici des produits de luxe. Les indiens préfèrent le savon, il est pratiquement donné. Photos.
Taj Mahal? Non, Bibi-ka-Maqbara |
Après un nouveau voyage en bus de nuit, je rejoins Aurangabad. La ville porte le nom de son fondateur, l'empereur mogol Aurangzeb, qui y séjournait lorsqu'il n'était encore que vice-roi (subedar) des provinces du sud de l'empire. Le monument le plus marquant de la ville est le Bibi-ka-Maqbara, mausolée ou repose la femme de l'empeureur. Celui-ci est souvent appelé – dépendant du point de vue – Taj Mahal du pauvre ou Taj Mahal du Deccan. En voyant les photos, on comprend tout de suite l'association. Près d'Aurangabad se trouvent aussi de belles grottes bouddhiques. Celle-ci sont très peu visitées, car les fameuses grottes d'Ellora et d'Ajanta, situées non loin de là, leur font de l'ombre. Ces dernières sont également la principale raison pour ma venue à Aurangabad. Je devais les découvrir les jours suivants.
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