8 mai 2011

Vagabonder à travers les ruines d'une métropole oubliée – Hampi

Imaginez un instant que Paris ait été envahie et détruite par les anglais au 18ème siècle, à une époque ou la ville était à son apogée. Le royaume français se serait effondré, Paris aurait perdu son importance et aurait finalement été abandonnée par ses habitants. Laissée à l'abandon pendant des siècles, la ville serait tombée en ruines et aurait été lentement oubliée.
C'est à peu près ce qui est arrivé à la ville de Vijayanagar, capitale de l'empire du même nom qui s'étendait lors de son apogée au 15ème et 16ème siècle sur toute l'Inde du sud. Selon des récits contemporains, la ville était l'une des plus belles et les plus modernes du monde, avec un réseau de rues bien organisé et un système d'irrigation très élaboré. Avec ses 500.000 habitants, elle était pour l'époque une énorme métropole. En 1565, la ville fût conquise et entièrement mise à sac par une alliance des sultans du Deccan. L'empire Vijayanagar s'effondra, la ville ne se remit jamais et fût peu à peu abandonnée. Aujourd'hui, la ville est plus connue sous le nom de Hampi et on peut explorer cet immense champ de ruines très impressionnantes qui témoignent de son passé glorieux.
J'ai passé deux journées complètes à explorer les ruines du patrimoine mondial de Hampi, m'y baladant à pied et en vélo. Celle ci sont encadrées par un paysage magnifique, très rocheux mais tout de même assez vert. Si l'on ne se contente pas de visiter les sites les plus populaires (temple Vittala, cité royale, zénana), on passe beaucoup de temps seul dans les ruines, uniquement en compagnie de lézards, oiseaux et singes. En cette saison, il y a assez peu de touristes à Hampi, mais il y fait très chaud. Autant prévoir d'emporter une bonne ration d'eau et être prêt à mouiller son t-shirt. Je ne vais pas détailler tout ce que j'ai vu, les photos le démontrent assez bien.
À ma surprise, Hampi est très rurale. On peut y observer de près la vie des habitants des campagnes de la province karnatakaise. Même à Hampi Bazaar, en dehors du quartier des guesthouses, la population locale vit dans des conditions de pauvreté assez visible. Elle a investi les ruines du bazaar aux environs du temple Viruprashka, y a aménagé de petites habitations et y vit dans des conditions assez sommaires en compagnie de ses animaux, moutons, chèvres et volailles. Lorsqu'on explore Anagondi, de l'autre côté de la rivière Tungabhadra, on traverse des petits villages bien plus isolés où la population vit de l'agriculture et ne semble pas profiter des ressources amenées ici par le tourisme. Le matin, sur les ghats (ces marches qui mènent à la rivière), on peut observer non seulement la population locale, mais aussi les touristes indiens qui ont sans doute logés dans une pension bon marché, faire sa toilette matinale, se laver les dents ou encore faire sa lessive. Le tout se passe dans une ambiance très bon enfant.
Hampi est par ailleurs un lieu très sacré. Dans les environs se seraient déroulés certains épisodes du Ramayana. Cela veut dire que la consommation de viandes et d'alcools est interdite ici. De plus, en soirée, on peut observer de nombreuses petites processions qui se déroulent dans les rues et ruelles du village. Comme ma chambre est en plein centre et donne sur une ruelle pleine d'activité, je peut suivre la vie locale de très près. J'ai bien aimé.

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